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Projets de recherche

Présentation des projets en cours

Analyse de l’influence des difficultés d’ordre ecdotique et des variantes textuelles pour la traduction de Vingt mille lieues sous les mers en espagnol 

Responsable du projet

Miguel A. Navarrete Molin est doctorant en Langues, Lettres et Traductologie au sein de l'Ecole de Traduction et Interprétation ISTI - Cooremans sous la direction de Marc Van Campenhoudt

Présentation

Notre thèse est née d’un constat en ce qui concerne les nombreuses éditions en espagnol de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne : souvent, les déficiences observées dans la traduction de bon nombre de termes spécialisés (p. ex., biologie marine) et dans l’identification de noms propres (anthroponymes ou toponymes) peuvent être attribuées à des difficultés du texte source français qui n’ont pas été résolues dans la phase de compréhension.
Ces difficultés empêchent la reformulation correcte et portent préjudice à la qualité du texte cible. Leurs causes possibles sont : une écriture autographe parfois peu soignée ; une composition typographique défaillante à partir des manuscrits ; une relecture ou révision hâtive des épreuves d’imprimerie par l’auteur.
Dès lors, une question d’éthique professionnelle se pose-t-elle à cet égard : quelle attitude doit adopter le traducteur au sujet des obstacles du texte source ?
Un deuxième constat est venu s’ajouter au premier : le texte du roman dans les traductions espagnoles – intégrales ou publiées comme telles – présente des variantes qui ne sont pas le résultat d’une révision littéraire quelconque. Ces variantes permettent de confirmer que les textes de départ n’ont pas toujours été identiques ; en effet, Vingt mille lieues sous les mers a été publié en plusieurs versions originales différentes.
Notre thèse vient, donc, combler un vide existant dans la recherche traductologique. Nous nous penchons sur les difficultés d’ordre génétique, ecdotique et terminologique du chef-d’œuvre vernien et en analysons leurs causes, ainsi que leurs conséquences sur les traductions destinées aux lecteurs hispanophones. Ceci nous amène également à aborder des aspects qui concernent la retraduction des œuvres classiques.
En remettant en question le texte du roman de Jules Verne, en évitant sa sacralisation malgré son statut de classique, nous allons montrer comment la recherche traductologique peut en bénéficier. 
Nous montrerons aussi comment le travail des traducteurs, qui pratiquent une lecture profonde, exhaustive, du texte source peut contribuer à sa fixation et, à terme, à l’établissement d’une vraie édition critique de l’original, qui n’existe pas encore.
Notre travail est étayé par un vaste répertoire de données linguistiques. Celles-ci proviennent du travail d’observation et d’analyse des trois éditions principales du roman et de six éditions françaises contemporaines de référence, ainsi que de dix éditions en espagnol, dont nous analyserons aussi la filiation génétique.

Les sources externes de Jules Verne, notamment des œuvres des vulgarisateurs scientifiques, des atlas, des encyclopédies et d’autres documents anciens – dont la bibliothèque du capitaine Nemo possède de nombreux volumes –, méritent également toute notre attention.

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Exploration des conditions de possibilité d'appréhension d'une dimension ontologique linguistique et philosophique par un adulte plurilingue en contexte multilingue: une approche herméneutique et phénoménologique dans l'enseignement-apprentissage du FLE en Région Bruxelles-Capitale (RBC). 

Responsable du projet

Béatrice Vermeulen est doctorante en Langues, Lettres et Traductologie au sein de l'Ecole de Traduction et Interprétation ISTI - Cooremans sous la direction de Dan Van Raemdonck

Présentation

L'approche épistémologique qui sous-tend les pratiques didactiques dans l'enseignement-apprentissage du FLE en RBC auprès d'adultes plurilingues en contexte migratoire et multilingue relèverait d'une approche fonctionnelle et pragmatiste et tendrait à s'aligner sur les travaux en Translanguaging et en Multilingual Education. Ceux-ci fondent les propositions pédagogiques et didactiques notamment sur des résultats de recherche en neurosciences cognitives en accord avec l'evidence-based practice. Le cadre institutionnel d'apprentissage pour les adultes en RBC est celui de la promotion sociale, c'est-à-dire à visée d'intégration et d'insertion socio-professionnelle, dont les impératifs négligent la pluralité des singularités et laissent peu de place à l'accidentel et à l'"inutile".
 
Recenser, décrire et comprendre les conditions de possibilité d'appréhension chez l'adulte plurilingue d'une dimension ontologique d'ordre linguistique et d'ordre philosophique  (le dire-nommant et le dire-pensant heideggériens; Heidegger, 1959) à partir de ses savoirs expérientiels permet-il de le penser dans son milieu en tant qu'être individuel et relationnel? Cette démarche, qui s'inscrit dans une conception herméneutique de la langue, relève-t-elle d'une approche mésologique de l'éducation, au sens de Bildung?
 
Par la mise en place d'entretiens approfondis et d'ateliers de discussion philosophique, dans le cadre d'une recherche-intervention dans une posture herméneutique et phénoménologique, cette enquête pourrait contribuer à la recherche de trois façons: 1) proposer un nouvel éclairage appliqué sur le questionnement de Gadamer et de Ricoeur tel qu'il est traité en philosophie théorique, 2) donner des clés de compréhension scientifiques sur les conditions de possibilité de s'approprier des connaissances méta-et-translinguistiques, de penser en langues et penser l'être au monde, et 3) aider à constituer sur la base du protocole de recherche-intervention un outil à visée philosophique redéfinissant l'interculturel en didactologie des langues-cultures.

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L’influence de la graphie sur l’authenticité de la langue représentée dans la fiction produite en arabe dialectal aujourd’hui : le cas de l’Algérie.

Responsable de projet

Yousra Hamiham est doctorante en Langues, Lettres et Traductologie sous la direction de Xavier Luffin et enseignante de langue arabe au département de Langues et
Lettres.

Présentation

L’usage de la langue arabe est caractérisé par une diglossie marquée. En effet, au sein du monde arabe, au moins deux variantes linguistiques sont employées en fonction du contexte : une variante haute (fuṣḥā en arabe), qui correspond à l'arabe
standard, et une variante basse (‘āmiyya ou dārija), couramment désignée sous le terme d'arabe dialectal. Sur le plan théorique, la variante haute est utilisée dans des
contextes formels tels que le domaine écrit en général, ainsi que partiellement dans le domaine oral officiel, comme les discours religieux, politiques, académiques, journalistiques, etc. En revanche, la variante basse est employée pour la communication orale informelle, englobant toutes les discussions spontanées. En suivant cette répartition théorique, on pourrait anticiper que la production littéraire soit exclusivement rédigée en arabe standard.

Cependant, dans la réalité, la situation est plus complexe. L’arabe dialectal, en tant que la langue maternelle et par son un rôle innovateur, a déjà fait sa place chez certains auteurs, qui ont choisi de l’intégrer très tôt dans la fiction arabe, comme ce fut le cas de l’Egypte dès le XXe siècle. La présence de l’arabe dialectal dans la littérature n’est donc pas un phénomène récent et son usage dans les textes remonte assez loin dans le temps. Cependant, la production romanesque ayant pour ambition d’obtenir une certaine légitimité a traditionnellement été rédigée en arabe standard. De ce fait, cette langue constitue la norme littéraire pour les écrivains et écrivaines du monde arabe jusqu’à présent.

Dans le cas de l’Algérie, la production littéraire contemporaine prend un nouveau tournant. Certains écrivains ont déjà intégré quelques mots en arabe dialectal dans leurs romans, comme Tahar Wattar, même si l’essentiel du texte reste rédigé en arabe standard. Plus récemment, nous assistons à l’émergence du premier roman écrit entièrement en dialecte algérien intitulé Fahla (2021). L’œuvre se distingue par une importante quantité de texte produit en arabe dialectal mais aussi par l’originalité de sa double édition : elle est publiée simultanément en graphie arabe et en graphie latine.

Ce projet de thèse vise à explorer l'influence de la graphie sur la représentation de la langue dans le roman algérien contemporain, en se concentrant sur l’usage des différentes variétés linguistiques. L’arabe dialectal, dépourvu de toute tradition écrite standardisée, est souvent représenté en caractère arabe, mais ce choix peut altérer sa perception par le lecteur et affecter sa fidélité à la réalité linguistique. Ainsi, par le biais d’une analyse comparative des romans de Rabeh Sebaa, édités dans des graphies différentes (arabe et latine) nous étudions les variétés linguistiques induites par le choix de la graphie.

Bibliographie :

Benmansour, F. « The Use of Dialect in the Algerian Novel in Tahar Wattar’s al-Laz ». Arab World English Journal, no 2, 2014.

Holes, C. « Orality, culture, and language ». The Oxford Handbook of Arabic Linguistics, New York, Oxford UP, 2019.

Tadié, A. « Evolution de l’emploi du dialecte en littérature ». La littérature arabe dialectale. Un patrimoine vivant, Paris, Karthala, 2016.

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La conservation des implicatures dans les sous-titres traduits automatiquement : une étude polysémiotique et pragmatique

Responsable du projet

Lucie Couset est doctorante en Langues, Lettres et Traductologie au sein de l'Ecole de Traduction et Interprétation ISTI - Cooremans sous la direction de Sonja Janssens.

Présentation

Ce projet de recherche a pour objectif d’étudier la façon dont les implicatures sont maintenues dans les sous-titres traduits automatiquement de l’anglais vers le français. Si la traduction automatique touche actuellement de plus en plus de domaines, son application aux sous-titres demeure un vrai défi au vu des particularités de ce type de texte (Diaz Cintas 2023). En particulier, le lien fondamental entre le texte et les différentes ressources polysémiotiques d’un matériel audiovisuel (prosodie, bande-son, kinésique…) soulève une question essentielle : comment la machine tient-elle compte de cet aspect multimodal ? (Taylor 2016)

Pour tenter d’y répondre, nous nous pencherons sur la (non-)préservation des implicatures. Le concept d’ « implicature » concerne un élément de langage sous-entendu, qui n’est donc pas signifié de façon explicite (Grice 1975). Pour comprendre une implicature, le récepteur doit mobiliser tant ses connaissances préalables que le contexte polysémiotique. Cette approche réunit pour la première fois les disciplines de la traduction audiovisuelle, de la traduction automatique et de la pragmatique.

La méthodologie comprendra deux phases. En premier lieu, nous examinerons un corpus d'extraits de séries TV en anglais pour y identifier les dialogues comprenant des implicatures ; de plus, nous les classifierons en fonction des éléments contextuels polysémiotiques qui permettent leur compréhension. Ensuite, nous conduirons une étude de réception au cours de laquelle des participants de langue maternelle anglaise visionneront les extraits et répondront à un questionnaire. En deuxième lieu, l’analyse et l’étude de réception seront effectuées sur les extraits sous-titrés en français, avec des participants francophones. La comparaison des deux groupes de résultats nous permettra de tirer des conclusions sur la conservation des implicatures après traduction automatique, et sur le rôle des ressources polysémiotiques.

Références :

  • Grice, Paul. 1975. « Logic and Conversation ». In Syntax and Semantics. Vol. 3, Speech Acts, par Peter Cole et Jerry L. Morgan. New York: Academic Press.
  • Taylor, Christopher. 2016. « The Multimodal Approach in Audiovisual Translation ». Target 28 (2): 222‑36. https://doi.org/10.1075/target.28.2.04tay.
  • Diaz-Cintas, Jorge, et Serenella Massidda. 2019. « Technological advances in audiovisual translation ». In The Routledge Handbook of Translation and Technology. Routledge.
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La traduction vers une langue étrangère : difficultés réelles et auto-perception des étudiant·e·s lors de la traduction du français vers l’allemand (L2)

Responsable du projet

Sabine Schmitz est doctorante en Langues, Lettres & Traductologie et enseignante de langue allemande, traduction et traductologie à l’École de Traduction et Interprétation ISTI – Cooremans sous la direction de Sonja Janssens (ULB) et Andrea Wurm (Universität des SaarJande).

Présentation

La traduction vers une langue étrangère constitue une pratique professionnelle à échelle mondiale, et cette tendance augmente encore. Si l’on assiste depuis les années 1990 à un essor des recherches en traduction vers une L2, le sujet reste néanmoins encore relativement nouveau en traductologie, surtout vers d’autres langues cibles que l’anglais. 

Le projet de recherche s’intéresse, d’un côté, aux défauts réels – c’est-à-dire les erreurs – des traductions du français vers l’allemand L2 réalisées par des étudiants. D’un autre côté, il cherche à mettre en lumière l’auto-perception des étudiants : quelles difficultés ressentent-ils en traduisant, et quels procédés de traduction et stratégies mettent-ils en œuvre pour surmonter ces difficultés ? 

Le projet utilise une méthodologie mixte basée sur trois types de données différents : (i) un corpus de 58 traductions du français vers l’allemand (L2) écrites par des étudiants en Bachelier et Master en traduction à l’ULB et balisées sur base d’une taxonomie d’erreurs descriptive permettant une analyse plutôt traditionnelle, et d’une taxonomie explicative permettant de classer les erreurs en fonction de leur cause (probable) ; (ii) un questionnaire sur lequel les étudiants participants ont indiqué les difficultés perçues lors de la tâche de traduction ; (iii) de brefs entretiens rétrospectifs permettant de mieux identifier les stratégies mises en œuvre en cas de difficulté.
En comparant systématiquement les erreurs de traduction avec leurs causes ainsi qu’avec les difficultés ressenties lors de la traduction, et les difficultés avec les stratégies mises en œuvre pour les surmonter, le projet souhaite fournir une contribution au domaine de la traduction en L2 ainsi qu’à la recherche sur les compétences de traduction. 

  • Campbell, Stuart. 1998. Translation into the Second Language. New York: Addison Wesley Longman.
  • Duběda, Tomáš, David Mraček, et Vanda Obdržálková. 2018. Překlad do nemateřského jazyka: Fakta, otázky, perspektivy. Praha : Karolinum.  
  • Grosman, Meta, Mira Kadrić, Irena Kovaĉiĉ, et Mary Snell-Hornby, éds.. 2009 (2000). Translation into Non-Mother Tongues in Professional Practice and Training. Tübingen: Stauffenburg Verlag. 
  • Kelly, Dorothy, Anne Martin, Marie-Louise Nobs, Dolores Sanchez, et Catherine Way. éds. 2003. La direccionalidad en traducción e interpretación: Perspectivas teóricas, profesionales y didácticas. Granada: Atrio.
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La traductologie à l’épreuve des neurones : vers une traductologie 2.0 ?

Responsable du projet

Marc Lebon est enseignant depuis 2011 au sein de l'Ecole de Traduction et Interprétation ISTI - Cooremans. En 2020, il y a également entamé un doctorat en Langues, Lettres et Traductologie a sous la direction d'Andrew Norris.

Présentation

La recherche est une exploration opportuniste, l’opportunisme désignant ici, sans connotation péjorative, l’exploitation des possibilités qui s’offrent à un moment donné et dans une situation donnée pour avancer dans la connaissance. (Daniel Gile, 2011)

Notre monde est et a toujours été multilingue. Ce multilinguisme s’appuie sur des piliers tels que l’apprentissage des langues et de la traduction, tous deux profondément affectés par les récents progrès de la traduction automatique dite neuronale. Si le monde professionnel a assez largement adopté cette technologie certes imparfaite, mais suffisamment performante pour être rentable dans nombre de projets de traduction, le milieu de la traductologie s’est jusqu’il y a peu montré plus réticent. Le fait qu’une machine supposée non-intelligente puisse accomplir correctement une tâche considérée comme intelligente (la traduction) a en effet de quoi laisser perplexe : l’intuition d’une impossibilité de traduire par défaut d’intelligence et la réalité observable des performances des systèmes de traduction automatique en ligne semblent de prime abord inconciliables. Cette thèse saisit l’opportunité présentée par cette situation nouvelle pour en explorer les possibles explications.

Trois hypothèses de base peuvent être dégagées. 

1 Singularité : les machines sont devenues « intelligentes » -> les machines peuvent traduire.
2 Dualisme : la traduction automatique n’est pas de la traduction, juste de l’ingénierie.
3 Paradoxe : la traduction n’est pas un processus « intelligent » -> les machines peuvent traduire.

1 La Singularité est un concept rendu célèbre par Ray Kurzweil (2005) ; elle peut succinctement se décrire comme l’émergence inéluctable d’une intelligence égale ou supérieure à l’intelligence humaine grâce à l’accélération des progrès technologiques. Des machines aussi intelligentes que des humains n’auraient aucun mérite particulier à traduire. Si la mise en ligne de systèmes d’intelligence artificielle générative tels que ChatGPT a récemment suscité de vifs débats sur ce point, il semble prématuré de considérer que ces systèmes sont aussi intelligents que des humains. La thèse considère que la Singularité n’est pas atteinte actuellement. 

2 Le dualisme qui consisterait à séparer complètement la traduction automatique de la traduction humaine semble difficile à justifier au regard de l’adoption large (à tort ou à raison) de la traduction automatique tant par les milieux professionnels que par le grand public. 
La théorie descriptive développée par Toury (1995) considère comme traduction ce qui est défini ou employé comme tel. En l’absence d’un consensus clair sur cette question, la thèse prend comme hypothèse de travail que la traduction automatique est de la traduction et peut être étudiée comme telle, tout en n’excluant pas la possibilité de conclure différemment en fonction de l’évolution des recherches.

3 Le paradoxe de la traduction comme opération ne requérant pas nécessairement une intelligence humaine présente est certes dérangeant, mais c’est précisément ce qui fait son intérêt comme problème de recherche au-delà même de la question traductologique : on touche au débat fondamental sur l’intelligence artificielle et ses limites. 
La thèse tentera d’identifier les éventuelles failles conceptuelles de certaines théories traductologiques à l’aune des réalités observables de la traduction automatique, mais aussi de dégager, là où cela est possible, des points de convergence entre ces théories essentiellement basées sur la traduction humaine et la gestion de la notion de « sens » et le fonctionnement pratique de systèmes entraînés sur des corpus parallèles composés de millions d’exemples dont ils ne comprennent pas le « sens ». 

Ce problème de recherche est étudié au travers de trois questions de recherche, très succinctement décrites comme suit :

1 Peut-on représenter les idées par des nombres ? 
Les ordinateurs manipulent des nombres, les humains, des idées ; cela démontre-t-il une incompatibilité fondamentale entre deux modes de fonctionnement ? De nombreux savants dont Leibniz, Wilkins et Kircher ont, à l’ère préindustrielle, prôné l’emploi de nombres pour faciliter la communication entre les peuples, que ce soit au travers de dictionnaires multilingues permettant de traduire « sans comprendre » ou de systèmes de langues universelles. Alan Turing a démontré en 1936 qu’une très large gamme d’opérations jusqu’alors réalisées par des humains (que l’on appelait alors « computers » en anglais) pouvaient l’être par ce qui deviendra quelques années plus tard un ordinateur. Mathématiques et langues ne constitueraient pas des ensembles totalement disjoints. L’objection préjudicielle contre la possibilité de traduire par calcul devrait donc être levée. 

2 Y a-t-il une agentivité à l’œuvre dans la traduction automatique ? 
L’agentivité des traductaires (terme épicène) est un concept qui peut éclairer tant leur capacité à traduire que leur responsabilité dans les choix opérés. Si l’agentivité nécessite une forme de volonté propre, un ordinateur, considéré sans volonté, est par conséquent réputé incapable d’agentivité. Dès lors, la traduction automatique (par hypothèse considérée comme traduction) constitue soit une forme de traduction sans agentivité (purement statistique ?), soit l’expression d’une agentivité machinique différente de l’agentivité humaine qu’il conviendrait d’explorer et si possible définir.

3 La visibilité du traductaire peut-elle s’appliquer à la traduction automatique ? 
Lauwrence Venuti est connu depuis 1995 pour ses appels à davantage de visibilité pour les traductaires, souvent coupables selon lui de dissimulation volontaire de leur intervention et/ou des marques de l’étrangéité des textes traduits. Cette « invisibilité » nuirait tant aux textes étrangers exagérément « naturalisés » qu’aux traductaires qui escamoteraient ainsi volontairement les marques les plus évidentes de leur art de traduire pour se conformer aux normes dominantes. Si les humains qui traduisent méritent la reconnaissance au travers d’une plus grande visibilité, doit-il en être de même pour les machines ? S’il est possible de montrer que la traduction automatique peut refléter diverses facettes du concept de visibilité des traductaires et/ou de la performance de l’acte traductif, il semblerait légitime d’octroyer davantage de visibilité à « la machine ». 

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Le processus de traduction à vue

Responsable du projet 

Christine Demaecker est docteure en Langues, Lettres et Traductologie. Elle enseigne la traduction spécialisée et de traduction à vue à l’École de Traduction et Interprétation ISTI – Cooremans.

Présentation

Ce projet vise à analyser le processus de décodage du texte lorsque le traducteur effectue une traduction à vue anglais-français, c’est-à-dire la traduction orale immédiate d’un texte écrit, formulé de manière fluide et à un rythme proche de celui de la lecture à haute voix.

Lors de cet exercice, des variations considérables du niveau de performance peuvent être observées. L’un des facteurs à l’origine de ces différences pourrait être lié au processus de décodage pour la restitution du message original. La compréhension de l’approche la plus efficace en fonction du type de texte et du niveau de difficulté permettrait d’adapter la didactique de la traduction à vue.

Même si les cours de traduction à vue mettent souvent l’accent sur le découpage en unités de sens et la reformulation dans la langue cible indépendamment des formulations originales, l’adéquation de cette démarche au niveau de qualité escomptée ne peut encore s’appuyer que sur peu d’études scientifiques.

C’est la raison pour laquelle ce projet vise à étudier in situ les processus utilisés au cours de cette activité traduisante. Il devrait permettre de distinguer l’utilisation des deux processus mis en lumière par Annette De Groot (1997).  Il s’agit, d’une part, de la traduction verticale correspondant au modèle théorique de la traduction interprétative, par lequel la compréhension est antérieure à la production en langue cible, et d’autre part, de la traduction horizontale au cours de laquelle la compréhension du texte et la production en langue cible ne s’opèrent pas de façon séquentielle, mais bien de manière synchrone. Le projet devrait déterminer la pertinence des deux processus par rapport à la qualité des traductions produites.

La méthode utilisée sera triangulaire. Elle combinera l'analyse synchrone des trajectoires oculométriques et des productions orales, l'analyse qualitative des traductions produites et les commentaires des participants a posteriori. Cette étude empirique s'inscrit dans une approche cognitive de la traductologie.

  • Chih-Chieh Huang. 2011. Tracking Eye Movement in Sight Translation – the comprehension process in interpreting.  Thèse présentée à la National Taiwan Normal University .
  • De Groot, Annette. 1997. « The cognitive study of translation and interpretation: Three Approaches ». In J.H Danks et al. (Eds.). Cognitive Processes in Translation and Interpreting. Thousand Oaks (CA): Sage Publication, pp. 25–56.
  • Dragsted, Barbara, et Inge Hansen. « Exploring Translation and Interpreting Hybrids. The Case of Sight Translation ». Meta : Journal des Traducteurs / Meta: Translators’ Journal 54, No. 3 (2009): 588 604. https://doi.org/10.7202/038317ar.
  • Vogeleer, Svetlana. 2017. “Le Modèle vertical du processus de traduction, La Question du transfert et la place des représentations mentales .” Communication à un colloque (Conference Paper), conférence - journée d’étude Déverbaliser - reverbaliser : la traduction comme acte de violence ? Bruxelles :Université Saint-Louis https://www.academia.edu/36164625/Le_mod%C3%A8le_vertical_du_processus_de_traduction_la_question_du_transfert_et_la_place_des_repr%C3%A9sentations_mentales.
Calendrier
  • Mars 2021 : présentation du projet dans le cadre des « Midis de la recherche » de TRADITAL.
  • Mai-juin 2021 : dépôt de demandes de financement (Crédits facultaire de la recherche et FNRS)
  • Automne-hiver 2022 : ouverture du marché public pour l’achat de l’équipement nécessaire 
  • Été 2022 :début de l'expérience

Madame Bovary. Moeurs de province en espagnol

Responsable de Projet

Mauricio Narváez Soto est Docteur en philosophie et lettres
Il est enseignant de langue espagnole, traductologie et théorie de la création littéraire à l’École de traduction et d’interprétation ISTI-Cooremans

Présentation

Objectif : créer et mettre à disposition des chercheurs une base de données destinée à constituer des corpus parallèles portant sur le plus grand nombre de traductions en espagnol de Madame Bovary. Mœurs de province.

L’œuvre majeure de Gustave Flaubert, publiée en 1856 (édition définitive en 1873), a été traduite en espagnol pour la première fois en 1875. Depuis lors, le roman n’a cessé d’être édité en Espagne et en Amérique latine. Le catalogue établi par Marta Giné Janer (2011), qui dénombre plus d’une centaine d’éditions en Espagne, permet d’identifier des dizaines de traductions (réalisées par Emeterio Mazorriaga, Ramón Orts-Ramos, Amancio Peratoner, Hermenegildo Giner de los Ríos, Alberto Carrasco, José Pablo Rivas, Pedro Vances. J. A. Gigena, Joan Sales, María. Dolores Gutiérrez, Julio C. Acerete, Consuelo Berges, Claudio Gancho…). Ce nombre considérable invite à une étude comparative systématique et complète de toutes ou de la plus grande partie de celles-ci. 

Certes, des analyses ont été menées soit sur les premières traductions (Hernández Guerrero, M-J. 2019) soit sur des éditions modernes (Bravo Castillo, J. 1995), mais celles-ci se sont basées sur la comparaison de quelques fragments d’un nombre très limité de traductions. Malgré ces restrictions, les spécialistes ont déjà pu identifier une série de phénomènes qui nous invitent à créer cet instrument d’étude (des erreurs de traductions, des ajouts et des omissions, des appropriations plus ou moins déguisées, des réécritures abrégées, des corrections stylistiques sans consultation du texte original, des plagiats…).

Notre projet s’articule en trois étapes :

1.    Collecte de l’ensemble de traductions publiées aussi bien en Espagne qu’en Amérique latine ;
2.    Digitalisation de ces textes et création d’une base de données la plus complète possible ;
3.    Sur cette base, constitution de corpus parallèles.

Au-delà de l’utilité évidente de cet instrument pour la traductologie, l’histoire de la réception, l’histoire du marché éditorial, etc. il s’agit de rendre accessibles de manière simultanée ces traductions qui constituent ce que Walter Benjamin (1923) appelait la survie des œuvres ; c’est-à-dire le déploiement des possibilités linguistiques et littéraires du texte source dans le texte traduit et, vice versa, l’accomplissement littéraire de la langue cible grâce au texte source.   

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En cours d'élaboration



Mesurer l'aptitude à l'interprétation

Responsable du projet

Sonja Janssens est docteure en langues et lettres et professeure de langue anglaise, traduction et traductologie à l’École de Traduction et Interprétation ISTI – Cooremans.

Présentation

Projet en cours d'élaboration

En raison de l’investissement matériel et humain considérable que nécessite la formation d’un ou d’une interprète, les candidat.e.s sont souvent soumis.es à plusieurs types de tests sur la base desquels un avis à titre indicatif est exprimé quant à leurs chances de réussite. Selon (Russo, 2011) tester des candidat.e.s est une nécessité non seulement pratique mais aussi éthique.

Ces tests d’aptitude à l’interprétation prennent diverses formes. Traditionnellement, ils visent à évaluer les connaissances linguistiques et culturelles des candidat.e s. Dans certains cas, les candidat.e.s sont évalué.e.s sur la base d’un exercice de traduction-à-vue. L’utilisation de tests psychométriques qui mesurent leurs capacités cognitives (e.g. la mémoire et le raisonnement logique) et identifient des traits de personnalité (e.g. l’extraversion ou la résistance au stress) est également devenue une pratique relativement courante.

Malgré l’importance du dépistage précoce des forces et des faiblesses potentielles des candidat.e.s et les multiples tentatives pour construire des tests à la fois fiables, valides et facilement applicables, la recherche n’a pas encore élucidé tous les aspects du processus d’évaluation de l’aptitude à l’interprétation (Pöchhacker & Minhua, 2015).

L’objectif du projet de recherche proposé est d’examiner et de développer une « batterie de tests » qui donnerait une indication fiable quant aux chances de réussite des candidat.e.s à la formation d’interprètes et nous permettrait de « cartographier » leurs forces et leurs faiblesses tout au long de leur parcours à l’université. L’analyse des données recueillies devrait aussi permettre de mieux cerner le concept d’aptitude à l’interprétation.

Ce projet sollicite l’aide et les conseils des collègues enseignants en interprétation pour enrichir cette recherche de leurs connaissances et de leur expérience. Les modalités précises du projet n’ont pas encore pas été fixées, à ce stade, afin de permettre de le construire collectivement. Toutefois, quelques propositions concrètes ont déjà été formulées dans le but d’alimenter les réflexions.

PÖCHHACKER, F. & MINHUA, L. 2015. Aptitude for Interpreting. John Benjamins Publishing Company : Amsterdam & Philadelphia.
RUSSO, M. 2011. “Aptitude Testing over the Years.” Interpreting 13 (1) : 6–30.

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en cours d'élaboration



Regard postcolonial sur la compétence (inter)culturelle dans l'enseignement du français au Cameroun

Responsable du projet

Dalaïlou Maryamou est doctorante en Langues, Lettres et Traductologie au sein de l'Ecole de Traduction et Interprétation ISTI - Cooremans sous la direction de Vincent Louis.

Présentation

La réflexion que nous avons entamée à travers cette recherche porte sur l’enseignement du français dispensé dans les écoles secondaires du Cameroun. Nous nous intéressons à l’enseignement de la culture et de l’interculturel à travers une approche postcoloniale. Notre objectif est d’interroger les curriculums actuels afin de déterminer s’ils sont encore estampillés du sceau occidental plus d’un demi-siècle après les Indépendances. 

1.    Revue de la littérature 
Notre revue de la littérature s’articule autour de quatre principaux chapitres : le contexte linguistique du Cameroun ; la relation entre langues, cultures et enseignement ; les curriculums dans l’enseignement des langues ; et enfin, le postcolonialisme. L’exploration de ces différents points nous a permis de dégager ces constatations.
-     L’institution scolaire camerounaise accueille en son sein une grande diversité de profils culturels. Toutefois, c’est l’enseignement des langues officielles tel qu’instauré lors de la colonisation qui structure et domine le paysage scolaire. 
-    L’enseignement d’une langue, quel qu’il soit, est indissociable de l’enseignement de la culture. Mais, il existe très peu de recherches sur l’enseignement (inter)culturel portant sur le contexte camerounais malgré, la diversité culturelle soulignée plus haut. 
-    Tout curriculum contient et véhicule explicitement ou implicitement des valeurs culturelles et idéologiques. Or, nous soulignons la participation de certaines instances occidentales à la conception et à l’élaboration des réformes curriculaires dans les pays en voie de développement (PED) notamment, le Cameroun. 
-    L’approche postcoloniale largement explorée dans la littérature, n’a pas encore été intégrée dans la didactique des langues. La recherche de tout élément culturel ou interculturel apparent ou non, traduisant une fossilisation du discours et des pratiques scolaires hérités de la colonisation, relèverait de cette approche.
De ces observations, nous avons formulé nos questions de recherche, notre question générale ainsi que nos hypothèses.

2. Le corpus 
La vérification empirique de nos différentes hypothèses s’appuie sur un ensemble de supports officiels, qui constitue la majeure partie de notre corpus. Parmi ces supports, nous accordons une place particulière au curriculum prescrit constitué des programmes d’études et des manuels scolaires. Concrètement, nous nous concentrons sur l’examen des programmes actuels pour les deux premiers cycles  du secondaire, à savoir 6e, 5e, 4e et 3e pour les classes francophones et Form I, Form II, Form III et Form IV, pour les classes anglophones. De plus, nous examinerons également les manuels d’enseignement du français dans les deux sous-systèmes imposés par le Ministère de l’enseignement secondaire (MINESEC). Ainsi, nous avons deux séries de manuels prescrites pour les deux sous-systèmes, ce qui représente un total de huit manuels.

 Le curriculum effectif porte sur les « cahiers de textes ». Ce sont des registres administratifs et officiels dans lesquels chaque enseignant note les leçons faites pendant ses périodes de cours. Autrement dit, c’est le journal des enseignants. Nous photocopierons et analyserons donc quelques « cahiers de textes » pour les deux cycles des deux sous-systèmes. 

Le curriculum manifeste s’intéressera aux questionnaires que nous soumettrons aux enseignants de français dans les deux sous-systèmes. Pour cela, nous nous focaliserons essentiellement sur les écoles les plus accessibles. En effet, au Cameroun, les enseignants sortent tous du même moule car formés aux Écoles Normales Supérieures (ENS). Tenus de respecter les règles ministérielles, nous supposons que les matières enseignées  sont uniformes. 

3.    Cadre méthodologique
Au vu de la tâche que nous nous sommes assignée, il nous incombe de définir les méthodes de recherche appropriées pour analyser objectivement nos données. Sur la base de notre corpus, nous aurons recours à la fois une analyse qualitative et quantitative afin d’aboutir à un résultat plus approfondi et complet de notre sujet de recherche. À cet effet, nous sommes en train de concevoir des grilles d’analyse pour les supports écrits. Il en sera de même des questionnaires à soumettre aux enseignants.    

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Mis à jour le 5 avril 2024